« Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait »
Placé sous l'égide de Jules Verne, ce diptyque va vous faire
décoller... Nous sommes à la fin du 19e siècle, les hommes sont allés
partout où ils le pouvaient sur Terre, ou presque. Les limites se
trouvent à présent là-haut, dans l'éther. Cet élément mystérieux,
probablement capable de faire voyager les humains dans l'espace, Claire
Dulac le cherche depuis trop longtemps pour renoncer à une dernière
ascension expérimentale en ballon, fût-elle mortelle. Plus d'un an
après, alors que son mari et son fils ont encore du mal à digérer leur
chagrin, elle leur fait signe par-delà l'absence : son carnet de
notes, dans lequel elle a consigné ses derniers moments et son amère
victoire (là-haut, à 13 000 mètres d'altitude, elle a trouvé l'éther,
qui lui a donné raison tout en lui coûtant la vie, propulsant son
ballon au-delà de toute possibilité de retour) a été retrouvé en
Bavière. Le royaume, menacé d'annexion par Bismarck, est dirigé par un
homme qui a décidé de construire un appareil à voyager dans l'éther. Le
roi Ludwig compte sur le professeur Dulac pour l'aider dans cette
entreprise risquée d'un point de vue scientifique autant que politique,
eu égard aux prétentions de son voisin allemand. Et Archibald est prêt
à l'aider, malgré les velléités ridicules de l'architecte royal qui
doit travailler avec lui sur le projet (un projet comptant trois
étages, plus la chambre du roi, plus la fosse d'orchestre...) Malgré
les sbires armés jusqu'aux dents qui tentent de l'intercepter au cours
de son voyage... Le voyage dans l'éther intéresse les Prussiens, qui y
voient une arme potentiellement redoutable au service de leur guerre de
conquête.
Les rêves d'un prince, défendus par une
poignée de fidèles et par des enfants, les autoproclamés
« Chevaliers de l'éther » Séraphin (fils de Claire et
Archibald), Hans et sa demi-sœur Sophie, ont-ils la moindre de chance
d'aboutir ? Ludwig n'en n'a cure : « la vérité que nous
enseignent les mythes n'est pas que les dragons existent... mais qu'ils
peuvent être vaincus. Montrez-moi un homme qui a su triompher de ses
peurs... je vous montrerai un tueur de dragons ».
Le souffle de l'épopée, la densité d'un univers visuel qui rappelle
Myasaki, l'équilibre des couleurs portent cette histoire qui nous
emmène vers des territoires improbables. On les parcourt avec bonheur,
non sans se demander pourquoi diable on adhère à ces fables.
Probablement parce qu'elles nous racontent une histoire qui nous
emporte... Un voyage tourbillonnant à proposer dès le collège, et sans
limite d'âge !